BlogL'esport en question #2 : définitions et stéréotypes

Si le domaine de l’esport se démocratise de plus en plus, s’ouvrant désormais à un public plus large, il n’en reste pas moins nébuleux pour les non initiés. Au-delà d’un questionnement sur la définition de ce qu’est l’esport, il est important de se pencher sur les stéréotypes qui naissent de cette expansion.

Par Olivier Fortz

Notre série d’articles consacrés à l’esport continue aujourd’hui avec un seconde épisode pensé pour planter le décor. Notre premier article était consacré à poser le contexte de la naissance de l’esport. Celui-ci vise à définir l’esport plus précisément, tout en déconstruisant les trois principaux stéréotypes qui frappent ce domaine.


Le terme “esport” désigne la pratique compétitive de jeux vidéo. Cette pratique peut être organisée tant en ligne qu'en hors ligne, concerne des jeux en équipe mais également des jeux en solo et peut-être amateure autant que professionnelle. Comme tout secteur qui se démocratise, l’esport fait face à divers stéréotypes et il est important de remettre ces idées reçues face à la réalité.


Le premier de ces stéréotypes est plutôt une confusion car il concerne la différence entre le jeu vidéo et l’esport. Pour comprendre cette différence, il suffit d’imaginer ce qui sépare un enfant qui apprend la musique d’un participant au Concours Reine Elisabeth. Si la musique est un simple hobby pour le premier, le second y voit une occasion de se confronter à d’autres et de se pousser à se dépasser. A l’instar des musiciens qui ne se produisent pas tous en concert, tous les joueurs de jeu vidéo ne sont donc pas des esportifs car tous ne pratiquent pas ce hobby dans un environnement compétitif.

Le second stéréotype souvent associé à l’esport concerne les athlètes de ce secteur. En effet, ceux-ci sont souvent imaginés comme ayant une hygiène de vie critiquable tant dans le rythme, que dans les habitudes. Ce stéréotype est lié à leur activité. En effet, la pratique de l’esport consistant à jouer de nombreuses heures devant un écran, on peut imaginer que les athlètes négligent leur condition physique. Pourtant, de nos jours les joueurs professionnels suivent un rythme strict, sont suivis par des coach sportifs et nutritionnels, et intègrent de nombreux moments en dehors des écrans dans leurs journées. Pour les joueurs professionnels une devise s’impose: un esprit sain, dans un corps sain.

Le troisième et dernier stéréotype que nous allons traiter concerne la communauté esportive. Si les joueurs de jeux vidéo ont longtemps été représentés comme solitaires et isolés, le développement de l’esport contribue depuis plusieurs années à créer de nouvelles communautés partout à travers le monde. L’organisation des premiers tournois sous forme de LAN permettait déjà de rassembler les fans, mais ce phénomène ne fait que croître. Qu’ils se regroupent autour d’un joueur, d’une équipe ou d’un jeu, les fans possèdent désormais de nombreux espaces pour communiquer et se rassembler. Les plus importants sont évidemment les réseaux comme Twitter ou Twitch, qui leur permettent de discuter et de commenter ensemble les matchs qui les font vibrer. Au-delà des réseaux on peut désormais également citer les événements physiques qui regroupent des publics toujours plus investis et nombreux. A cet égard, nous pourrions citer les phénoménaux KCX 1 et 2, deux événements organisés par l’équipe française Karmine Corp pour rassembler leur communauté et leur offrir une expérience unique. Si la première édition avait déjà rempli le Palais des Congrès de Paris (3500 places), la seconde a rempli l’Accor Arena de Paris (12000 places), tout en ne s’adressant qu’aux seuls fans de cette équipe. De nos jours, l’esport se vit et se célèbre en face-à-face pour prolonger et transcender cette expérience.


Vous l’aurez compris, le domaine de l’esport est plus complexe qu’il n’y paraît. Loin des images longtemps véhiculées dans les médias, fans et athlètes intègrent désormais ce hobby dans leur quotidien, comme d’autres peuvent le faire avec le sport, la musique ou les échecs.